How deep is your love ...
- Par sunyatazenconseil
- Le 03/07/2014
- Dans Contes et légendes
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"Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas."
"La plupart confondent enseignement spirituel et Dharma du Bouddha. Le Dharma est illimité et la pratique, à sa mesure. Or, penser obtenir un quelconque bienfait de la pratique est lui assigner une limite et dans ce cas, il ne s'agit plus du Dharma. Les hommes, dit-on, aspirent à monter et répugnent à descendre. Ils aiment ce qui est en haut et n'aiment pas ce qui est en bas. Même si l'on récite inlassablement des "namu amida butsu", on doit le faire sans but, sans désirer une renaissance supérieure, sans craindre une renaissance inférieure. De même qu'il est chimérique de pratiquer zazen en vue d'obtenir ou de fuir quelque chose.
Le pouvoir du don véritable est illustré par une parabole intéressante ..."
"Un grand sage, dénommé Maka Kashô, était venu enseigner le Dharma du Bouddha devant une assemblée de pauvres gens. Il leur avait ainsi expliqué le pourquoi de la pauvreté :
« Vous êtes pauvres parce que vous avez été avares dans une vie antérieure et si, de surcroît, vous avez éprouvé de l'envie, votre pauvreté est encore plus grande. »
Un autre sage, Anan, qui enseignait le Dharma aux riches disait que la richesse était le fruit d'une vie antérieure vertueuse et que, pour ne pas la perdre, ils devaient faire la charité.
Maka Kashô parcourut du regard l'assemblée et se dirigea vers les plus pauvres. Lorsqu'on rencontre des pauvres et que l'on est soi-même dans une position plus élevée, l'aumône qu'ils peuvent vous faire ne représente que peu de choses. Bref, il regarda à droite, à gauche, cherchant le plus démuni parmi les démunis. Des pauvres, que des pauvres, ils étaient tous vraiment très pauvres.
Enfin, il aperçut une vieille femme, toute ridée, à demi-morte. Elle était couverte de crasse, complètement nue, sans même un pouce de tissu sur le corps. Ce corps nu de vieille femme n'était pas beau. En plus, son cœur battait à peine. Kasho s'arrêta devant la vieille femme.
« Divin maître... », souffla t-elle.
Jamais elle n'avait ressenti une telle émotion depuis cent millions de kalpa et elle pensa que si elle avait été une concubine ou autre, elle aurait aimé lui faire une belle offrande. Kasho, qui possédait des pouvoirs surnaturels, perçut très exactement le voeu de cette femme.
Exceptionnellement, il décida de mettre en marche sa puissante magie : il mit plein gaz et pshhhiiiittttt ! Il fut tout près d'elle.
La vieille femme était transfigurée de joie. Il remit encore les gaz et soudain fusa dans les airs, tourbillonna comme une feuille morte et fit une majestueuse boucle lumineuse. Des flammes et de l'eau jaillissaient de son corps merveilleux. C'était une technique très sophistiquée appelée « feu-en-haut-eau-en-bas ».
Il redescendit vers la terre et se posa juste devant la vieille femme. Elle était carrément en extase devant ce spectacle inouï, comme frappée par la grâce. Plongée dans la béatitude, elle se confondait en remerciements. A ce moment-là, Kashô remit encore les gaz et lui demanda :
- « Alors, grand-mère, tu ne me fais pas une offrande ? »
La vieille femme était si émue qu'elle en avait le souffle coupé.
- " Je voudrais bien vous faire une offrande mais comme vous le voyez, je n'ai même pas un pouce de tissu pour me vêtir, ni même un grain de riz à manger. "
Dans une écuelle ébréchée à côté d'elle, il y avait un brouet de riz qui empestait l'aigre et où flottaient des insectes. Kashô, désignant le bol, lui dit :
- " Pourquoi ne m'offres-tu pas ce bol de soupe ?"
- "Vous ... vous accepteriez une chose aussi misérable ?"
- "Bien sûr que j'accepte !", s'exclama t-il.
Alors, elle lui présenta l'écuelle de ses mains tremblantes. Le Vénérable reçut l'offrande hésita et se demanda intérieurement ce qu'il devait faire : « Si je l'emporte avec moi, elle pensera que je l'ai jetée en cours de route et se sentira humiliée. Eh bien, buvons-le ! » Et sous les yeux de la vieille, il l'avala sans sourciller, d'un trait.
-" Je vous suis infiniment reconnaissante ", dit-elle, et dans l'instant ... elle rendit l'âme.
Exactement au même moment, une princesse naissait dans le Royaume des Cieux. Dans le monde céleste, l'enfantement se fait sans douleur. On naît par métamorphose. Une forme surnaturelle, soudain resplendit dans un rayon de lumière et embaume l'air de subtils et délicieux parfums. Les vassaux s'interrogeaient sur son lignage : " Je me demande quelle est sa parenté ? " , " Elle est certainement de haute naissance."
Ils dirigèrent leur seconde vue vers les sommets mais ne virent rien. "Alors elle doit être du commun." Leur regard descendit vers la ligne d'horizon, sans plus de succès. " Ne serait-ce pas une aristocrate du monde des humains ? " Ils plongèrent dans le monde des hommes, rien non plus.
" Serait-elle une roturière ? " Toujours rien. " Comment ! Serait-elle issue du bas peuple ?" C'était exact, ils virent qu'elle était issue d'une vieille femme nue et couverte de crasse. Alors, les vassaux célestes escortèrent la princesse sur la terre pour qu'elle suive l'enseignement du Bouddha Shakyamuni.
Seule l'offrande désintéressée a du mérite. Quand on va en Chine, on a l'impression que l'esprit de profit est beaucoup plus développé qu'au Japon. Par exemple, au Japon, on inscrit seulement la somme d'argent sur les reçus de souscription à un temple, alors qu'en Chine, le nom du chef d 'Etat, la somme d'argent et le nom du souscripteur sont indiqués. Disons que c'est un don qui appelle une rétribution. Or, le mérite dans le Dharma du Bouddha, c'est pratiquer sans but, sans esprit d'obtention, c'est être désintéressé.
Le moine Chô interrogea son condisciple Shû : " La lune claire et sereine brille dans le ciel, que faire ? "
Shû répondit : " Tu es très loin au-dessous d'elle. "
- "Je te prie de m’aider à m'élever."
-" Pourquoi ? Ne vient-elle pas à toi ?"
Voilà qui signifie qu'il faut rester tel qu'on est et que faire des efforts aussi intenses soient-ils dans un esprit de gain, c'est comme vouloir rejoindre la lune en grimpant à une corde. Il est essentiel de comprendre qu'il faut s'accepter tel qu'on est, sans rien rechercher. Si on ne saisit pas cela avec ses tripes, on n'entre pas dans la Vérité du Bouddha. Par conséquent, comme dit le poème : " Celui qui s'en va au loin, en quête de ceci ou de cela, se prépare à un avenir sans repos. "
On ne trouve rien " ailleurs ".
Kôdô Sama moine "sans demeure"
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