Cur aliquid potius nihil ?

Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

Dès que nous dépassons le plan de la survie – ce qui n’est pas le lot d’une grande partie du genre humain – la question fondamentale du sens de notre vie s’impose à nous avec insistance. Qu'est-ce-que la vie ? Qu'est-ce-que l'univers ? Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

Dans nos pays « riches », beaucoup de gens se sentent pris par la routine du quotidien qui lamine les « rêves d’enfants ». Certains pensent être passés (ou passent) à côté de l’essentiel. D’autres se sentent brimés par des exigences sociales, familiales et/ou professionnelles. D’autres encore sont usés par trop de stress, ou minés par l’ennui ou le désespoir.

Beaucoup se réfugient dans une activité trépidante, laborieuse et pleine, d’autres s’absorbent dans le vide ou l’indolence.

Insipide devient la vie ...

Bien sûr, il en existe un bon nombre qui bénéficient des bonheurs passagers qu’accorde l’aisance matérielle, mais  ces derniers découvrent malgré tout, tôt ou tard, que celle-ci ne suffit plus à donner sens à leur vie. En fait, rien « d’extérieur » ne peut combler le vide de sens « intérieur ».

La raison d’être profonde ne s’attache pas tant à ce que nous « faisons », mais bien à ce que nous « sommes ». Elle concerne notre « état d’esprit », notre état d’être …

Il ne s’agit pas d’opposer « l’extérieur » et « l’intérieur », le « faire » et « l’être », mais bien de comprendre, que l’un n’allant pas sans l’autre, il est primordial de ne pas négliger notre état d’être intérieur. Cet état d’être consiste à s’éveiller, vraiment ! Sortir du rêve … Et prendre soin de nous, réellement.

Aussi simple que cela.

Voilà bien là l’objectif commun à toute l’humanité, car l’éveil est la raison même de ce monde. L’éveil à notre nature profonde.

Nous pouvons tricher, nous mentir à nous-mêmes, obtenir de grandes choses par l’effort, le travail, la combativité, l’intelligence, la passion, la volonté ou encore la duperie et la ruse… Aucune joie véritable et durable n’émane de ces accomplissements qui finissent invariablement par la souffrance (de soi et/ou des autres).

Aussi longtemps que nous négligeons l’être et que sans cesse « projetés » vers « l’extérieur » de l’existence nous vivons « en décalage » avec l’instant présent ; « ce qui est ».

Bien sûr travailler pour les autres, prendre soin de ses enfants, viser l’excellence morale, intellectuelle, sportive ou professionnelle, etc … ne SONT PAS des actions sans valeur. Ces activités SONT des raisons d’existence dans le monde concret, le monde des phénomènes, le monde du rêve, l'illusion du monde ...

Mais tout cela reste dans la dimension temporelle, par nature relative, instable, impermanente, sujette à « l’anéantissement ».

Ce que nous disons, nous, c’est la nécessité vitale « d’intégrer » - dans TOUTES nos activités humaines - la dimension intérieure qui consiste à finalement … « éradiquer » le temps ; être pleinement là.

Présent dans le moment.

En supprimant le temps, nous créons le « lien » entre « intérieur » et « extérieur », entre « être » et « faire ». Il existe donc de la perfection, de la justesse dans chaque geste accomplit si anodin soit il.

Comme de se brosser les dents, par exemple. Je me souviens, à la Gendronnière, des yeux pétillants d’une personne qui racontait à table son premier samu ; nettoyage des vitres, son « excitation » laissait entrevoir la réalisation de gestes simples effectués en « pleine conscience ». Une attention jusque là (peut-être) inconnue ou du moins insoupçonnée.

C’est à partir de « petites chose » que naissent de « plus grandes » a dit quelqu’un. La « grandeur » : abstraction mentale, fantasme de l’ego. Paradoxe.

Le moment présent est toujours « petit ». Imaginez, imaginez votre vie, votre « petite » vie, au regard des 15 milliards d’années d’âge qu’attribuent certains à notre monde. Mais au tréfonds de ce moment (de votre vie) réside un pouvoir incommensurable, inimaginable, inconcevable.

Pensez aussi à l’atome, sa petitesse et l’énergie qu’il renferme.

L’anxiété, le stress, l’obscurcissement du monde moderne (le monde mort) peuvent nous couper de ce « pouvoir ». Ou pas.

De nouveau, nous sommes seuls, impuissants, fragiles, … Nous nous battons pour refaire surface, pour faire face et tâchons de faire ceci ou cela.

Mais pourquoi le désarroi est-il apparu ? Pourquoi naître, souffrir et finalement mourir ?

Parce que nous sommes « sortis » du moment présent, parce que nous nous sommes détournés de « ce qui est » vraiment. Parce que nous mourrons à chaque instant. Nous avons « oublié » notre raison d’être profonde qui est « présence vigilante et bienveillante », envers nous-mêmes … avant d’être envers les autres.

 

L’être humain et vous-même sont plus importants que TOUS les « objets » de ce monde.

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