Puissant bushi, grand seigneur des terres de l’ouest, au milieu de mes richesses, de mon bonheur, de mon jardin et de mes manuscrits précieux, j’étais enclin à trouver que tout ce qui avait trait à l’existence, à la nature humaine était puérile et incertain, à la fois touchant et immensément ridicule comme ces prêtes shinto vaniteusement sages, tour à tour lumineux et sombres, digne de respect et de moquerie. 
Si mon regard se remplissait à la vue des fleurs de lotus flottant sur l’eau calme du lac où jouaient les carpes koï, se délectait du chatoiement bigarré de la lumière à travers les frondaisons et des agencements savants des maîtres jardiniers, si bien souvent tout ce qui procède de la nature me paraissait d’essence divine et sacrée, comme pénétré par l’ardeur d’une vie éternelle, d’autres fois, voire dans le même temps, je trouvais à ce paysage familier quelque chose d’équivoque, de dérisoire, d’irréel, une disposition à la décomposition, un retour inéluctable au chaos.