Arbre Cosmique (ficus religiosa)
- Par sunyatazenconseil
- Le 07/10/2013
- Dans INDE § CEYLAN
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Arbre de la Bodhi
L'arbre sacré, pipal (ou pippala), ficus religiosa, figuier à latex cité dans les textes de l'Inde ancienne est l'arbre paradisiaque. C’est un arbre majestueux de 30 mètres de haut, à la cime touffue et dont la ramification s’étend beaucoup en tous sens. Comme chez tous les figuiers dits des pagodes, car ces arbres sont souvent plantés au voisinage des sanctuaires, de ses branches pendent de longues racines aériennes qui, atteignant le sol, y donnent naissance à de nouveaux troncs entourant le fût principal. Parvenu à un certain âge, chaque arbre forme à lui-seul un bosquet, un petit bois sacré, très ombreux, auquel ces multiples troncs colonnaires donnent l’aspect d’une sorte de temple naturel. Les feuilles longuement pétiolées, en forme de cœur à la base et terminées par une pointe effilée, s’agitent au moindre souffle ...
Shiva, le détenteur des forces énergétiques du cosmos, médite à l’ombre d’un pipal et c’est sous cet arbre que ShâkyaMuni trouve l’illumination et devient Bouddha.
De nos jours au Sri lanka à Anuradhapura, les bouddhistes du monde entier viennent rendre hommage à l'arbre le plus vieux du monde, il s'agit de l'arbrisseau bodhi - bouture de l'arbre situé en Inde à Bodhgaya, aujourd'hui disparu - sous lequel le prince Siddharta à longuement méditer ...
L'ARBRE EVEILLEUR
Au moment précis où Shakyamuni renonça à son ascétisme extrême et décida de suivre une voie médiane il se souvint d’un épisode de son enfance, la tranquillité sans pareille qui le toucha, alors qu’il se tenait assis à l’ombre fraîche d’un «pommier-rose».
Il arrive à Uruvela (Bodhgaya), où, au bord d'une rivière, s’élève un bois sacré que domine de sa haute stature l’Arbre Cosmique, le figuier des ascètes, avec à son pied l’autel destiné au culte populaire des divinités de la fertilité. En ayant fait rituellement sept fois le tour, le tenant à main droite en signe de respect, Shakyamuni répand sur l’autel une brassée d’herbe kusha, dont se servent encore aujourd’hui les brahmanes afin d’y déposer les offrandes du sacrifices, et s’y assied dans la posture des yogi, face au soleil levant, prenant la ferme résolution :
" Assis sur ce siège, dussé-je voir mon corps et ma peau se dessècher, mes os et ma chair se dissoudre , tant que je n'aurai pas atteint la Compréhension Profonde si difficile à obtenir, je ne bougerai pas."
Par son geste et ces paroles, le futur Bouddha, sous l’Arbre Sacré, s’offre lui-même en sacrifice. Et, en effet, survient bientôt Mâra, le dieu de la mort, qui est aussi le Désir, le Maître de l’univers sensible et sensuel, dont le Bodhisattva prétend s’affranchir et affranchir les autres hommes. Mâra tentera de l’exterminer, après avoir essayé, mais en vain, de le séduire.
Mais le sage supportera, sans même bouger un cil, de nombreux assauts infernaux.
" O Malin, cette Terre, mère impartiale de tous les êtres, est mon garant. "
Allongeant sa main, dans le geste maintes fois reproduit dans l’iconographie bouddhique, ShâkyaMuni touche-t-il la terre du bout de ses doigts. Aussitôt, celle-ci tremble et résonne comme un gong.
Et la Grande Terre, fendant le sol à proximité du Bodhisattva, se montre à mi-corps, parée de tous ses atours et, s’inclinant pour le saluer, elle proclame :
" Il en est bien ainsi, ô Grand Homme, il en est bien ainsi ; il en est comme tu l'affirmes, je suis témoin oculaire de ta victoire ".
La scène qui s’était déroulée jusqu’alors dans les profondeurs de la terre, puis à sa surface, peut désormais se tourner vers le ciel, à la cime de l’Arbre. Entretemps, le soleil a disparu à l’horizon et monte dans le ciel la pleine lune d’avril. Se succèdent ensuite les trois veilles au terme desquelles ShâkyaMuni atteindra l’Eveil, le Bodhisattva deviendra un Bouddha en atteignant la Suprême et Parfaite Illumination.
On comprend ainsi mieux la vénération dont font preuve les bouddhistes, à travers les siècles, pour le témoin du Combat Suprême et de la Victoire Finale. Ayant renoncé à son individualité souffrante, impermanente, transitoire et ainsi réunifié avec l’univers entier, le Bouddha ne se distinguait plus de l’Arbre Cosmique, il était «uni à lui».
Dans les croyances hindouistes, bien antérieures au Bouddha, le contact avec l’arbre suffisait à réveiller dans la conscience de celui qui s'en approchait la mémoire endormie de ses existences antérieures. C’est par l’arbre qu’on venait à la vie, par lui que l’on redécouvrait ses origines, par lui aussi que, les ayant retrouvées, on parvenait à l’immortalité.
Bouddha est donc «plus véridiquement» représenté par l’image même de l’Arbre Cosmique. De plus, l’arbre, avec l’éventail de ses racines souterraines, son tronc étroit et son feuillage largement étalé, est l’image parfaite du processus même de l’illumination, de l’éveil, du rassemblement et de la concentration des énergies latentes nécessaires à la transformation spirituelle.
Voilà pourquoi, dans les premiers textes bouddhiques, c’est l’Arbre de la Bodhi, le "trône de diamant" et non Bouddha lui-même qui est décrit comme le Grand Eveilleur.
L'ARBRE BÔ du SRI LANKA
Environ 200 ans après le Parinirvânâ (la mort) du Bouddha, l’empereur Ashoka - converti au bouddhisme et qui fut probablement le seul souverain de l’histoire à en appliquer les principes pacifiques au gouvernement de l’état - se rendit en pélerinage à Uruvela, devenu Bodhgaya. Il fit entourer le figuier d’un temple à ciel ouvert et marqua l’emplacement de la méditation par un trône de pierre. On l’appelle Vadjrâsana, mot que l’on rend habituellement par «trône de diamant», mais que l’on pourrait également traduire par «trône de foudre», expression plus évocatrice de ce qui s’est passé sous l’Arbre et en lui.
Une légende raconte que l’empereur Ashoka avait conçu pour l’Arbre des sentiments très vifs, car la nymphe qui l’habitait lui était apparue. Son épouse favorite en conçut de la jalousie. Elle fit envoûter par une sorcière l’arbre qui dépérit aussitôt, et Ashoka avec lui. Aussi la reine dut-elle faire rompre le charme.
Le figuier survécut et prospéra, et avec lui le bouddhisme.
Ashoka envoya des missionnaires propager la doctrine dans tout le pays et jusqu’à SRI LANKA, où débarqua son propre fils, le prince Mahinda, accompagné de quarante moines. La princesse Sanghamitta, fille d’Ashoka, avait apporté avec elle une branche du figuier sacré, qui fut plantée par le roi cinghalais converti, Devanampita Tissa, au centre de sa capitale, Anurâdhapura.
Aussitôt, la branche devint miraculeusement un arbre adulte et Devanampita Tissa prophétisa qu’il fleurirait éternellement et serait toujours vert. Le figuier sacré d’Anurâdhapura, qui vit encore, aurait donc 2300 ans.
Quant à celui de Bodhgaya, il fut détruit à la fin du VIe siècle par Cashanka, roi du Bengale, qui persécutait le bouddhisme. Mais, malgré les précautions prises par son ennemi qui le brûla et fit arroser ses racines avec du jus de canne à sucre, l’arbre sacré repoussa de plus belle. Cinquante ans plus tard, le pèlerin chinois Hiuan-tsang put vénérer un fût déjà haut de quarante à cinquante pieds.
En 1811, le voyageur botaniste anglais Buchanan-Hamilton le trouva en pleine vigueur. Mais, en 1867, le général Cunningham constatait sa décrépitude et, en 1876, le figuier fut abattu par un orage. Cependant, de nouvelles pousses se pressaient déjà pour le remplacer et, le sol s’étant exhaussé de plusieurs mètres, l’une d’elles fut replantée auprès du «Trône de diamant».
On peut les voir aujourd’hui, ayant acquis en un siècle une taille déjà majestueuse.
Jamais véritablement détruit, le pipal de Bodhgaya a donc été vénéré depuis 2500 ans. La survie de l’Arbre Bô a pour les dévots bouddhistes une importance extrême, car ils croient que le destin de la Doctrine (Dharma) lui est lié. La mort de l’arbre serait pour eux un sinistre présage, conviction qui était partagée par leurs adversaires, ainsi qu’en témoignent les tentatives pour le détruire.
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