Pratique du HARA_Zen § Kendo
- Par sunyatazenconseil
- Le 25/05/2016
- Dans KENDO
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Pour véritablement apprendre il faut oublier et s'abandonner dans l'instant présent car toute pensée voile la réalité.
Notre cerveau frontal - conçu pour ingurgiter de façon quasi instantanée ce qui fait notre quotidien - présente l’avantage de pouvoir rapidement analyser, mémoriser, marquer d’une étiquette, ranger dans une case et … passer à autre chose ! C’est parce que nous avons mis beaucoup d’expériences (bonnes et mauvaises) en mémoire de façon condensée, que nous pouvons en disposer immédiatement pour nous adapter à notre environnement et aux événements même nouveaux. Mais quand il s'agit d'apprendre et d'approfondir un art martial comme le Kendo où il ne doit y avoir aucune séparation ou opposition aussi bien physique que mentale, mais au contraire une sorte de fluidité, une harmonie des énergies, il est important de changer notre perception des choses, et de bien voir que dès qu’intervient la mémoire, une division se crée.
Il faut donc, en quelque sorte se libérer de la pensée, effacer nos préjugés, oublier notre personnalité qui nous renvoie à trop d’ego ...
Se connaître soi-même, c'est s'oublier.
S'oublier, c'est s'ouvrir à toutes choses.
Maître Dôgen
La pensée, par nature, génère la dichotomie et tout comme la mémoire se situe dans le passé, elle projette une « image », mais une image n’est pas la réalité.
La pratique martiale - comme celle du zen - consiste à développer aussi bien l'aspect physique que mental, l'un ne pouvant pas aller sans l'autre. Pour cela, après avoir enregistré les notions techniques de la discipline, il faut sans perdre de temps, développer la capacité mentale à accepter pleinement et naturellement – dans le cas du kendo - la situation de conflit qu'est une attaque telle qu'elle se présente à nous. Sans aucune projection de la pensée, de manière à ne générer aucune opposition. Cette non-opposition mentale qui est plus difficile que la simple harmonisation des corps, contribue également à soumettre le corps à cette même logique de pleine acceptation.
La mémoire ou la pensée voile la réalité, limite, fige et dénature la perception de notre environnement, quand nous utilisons excessivement la pensée on se fait une idée de la situation mais une idée n'est toujours pas la réalité. Il faut oublier pour se libérer et vivre l'instant présent, chaque assaut et exécution de techniques doivent être vécues comme quelque chose de nouveau, d'unique ce qui implique de ne pas faire appel à quelque chose du passé, de vieux, de déformé mais faire le vide pour accueillir le nouveau et le réel.
A chaque fois que nous sommes dans un face à face, oublions le passé pour laisser agir notre HARA. Le HARA contrairement au cerveau, exécute les techniques de façon libre, naturelle, automatique et inconsciente.
Il fonctionne simplement et nous guide en s'enrichissant séance après séance, de ressenti pur et d'échange direct sans filtres.
Le HARA du fait de sa nature commune à tous - non « teinté » d’ego - favorise l'intégration, l'unité, contrairement à notre intellect qui fait intervenir la pensée rattachée à notre personnalité qui oppose et fortifie (trop) le "je".
D'un point de vue psychologique nous somme tous différents et à multiples facettes, seul le HARA et son expansion du KI reste immuable et commun à tous les être donc de même nature d'où cette faculté de pouvoir s'harmoniser, voir fusionner pour ne faire qu'UN.
Nous sommes nombreux à nous demander comment fonctionne le hara ?
Nous utilisons bien notre cerveau sans trop nous interroger sur son fonctionnement !
Alors ce que nous pouvons affirmer ici sans aucun doute, c'est que plus nous sollicitons notre esprit analytique et moins nous laissons place pour notre HARA.
En conclusion, il nous faut apprendre à oublier ou du moins à ne plus laisser la prépondérance aux pensées pour revenir au "point zéro" comme disait maître Deshimaru afin de nous laisser guider par notre VENTRE et le déploiement naturel du KI.
"Tout exercice est une répétition, que ce soit de mots, de sons, de mouvements. L'automatisme de la pratique a pour but immédiat ce qui est la finalité de l'exercice, c'est-à-dire la Transparence, et il vise à déconnecter ce moi qui objective, qui veut toujours répéter ce qui lui réussit et vit dans la crainte de l'échec."
Karlfried Graf Dürckheim
kendo bushi brive la gaillarde zen
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