Marche intense et clarté d'esprit

Par sunyatazenconseil
Le 18/11/2016
Dans Méditation marchée
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L'incessant et impressionnant flot des pensées, qui bruissent dans nos têtes comme autant d'essaims d’abeilles, provient de nos émotions et de nos tensions. Nous en sommes à ce point hypnotisés que nous ne nous en rendons même pas compte et nous ne peuvons même pas envisager de vivre sans ce ridicule tumulte ...

Dans la marche méditative, tranquille, corps et esprit unifiés par la respiration il nous arrive de vivre de simples instants de clarté d’esprit. Et même si nous ne parvenons pas encore à les prolonger, ces fugaces moments nous indiquent très exactement que notre esprit connaît déjà l’éveil, à un degré ou un autre. Et d'ailleurs comment pourrait-il en être autrement ?

Ces instants ont, je vous l'assure, une importance considérable, car ils nous indiquent d’une manière intuitive qu’il existe autre chose que le cinéma mental qui nous captive tant. Nous apprenons, chose curieuse, que nous pouvons exister hors de nos pensées. La clarté d’esprit propre à l’état d’attention spécifique de l'école zen (ou d'une autre tradition authentique) ne dépend absolument pas de la pensée.

En fait c’est plutôt l’inverse qui est vrai ; Ce sont les pensées qui sont une expression de la conscience. Nous confondons ÊTRE et ACTIVITE MENTALE, de sorte que nous imaginons que si le flot mental venait à s'évanouir, nous disparaîtrions avec lui.

Nous sommes le substrat de la pensée ; nous sommes conscience, pleine attention, mais conscience non réflexive, pure connaissance, parfaite présence. Ainsi nous ne sommes pas limités par le temps et l’espace par exemple. Ce sont nos pensées qui engendrent la limitation et nous privent de la clarté d’esprit.

De même que les nuages voilent le ciel en le parcourant même si le soleil continue de briller au dessus.

C'est une évidence, n'est-ce-pas ? Pourtant il faut marcher et "s'élever" (au propre comme au figuré ; "cheminer et s'éduquer", "pratiquer et apprendre") pour véritablement comprendre ...

Les pensées nous traversent l’esprit par vagues successives et ininterrompues - c'est le petit vélo dans la tête - l’une chassant l’autre, et chaque fois, nous leur opposons une réaction – d’impatience, de colère, d’irritation, de peur ou de haine et ainsi de suite. Bien sûr il y a des pensées agréables avec des réactions agréables, positives, bénéfiques en retour mais le processus est le même. Nous n’arrêtons jamais de réagir à une pensée ou une autre.

Au dojo zen durant quelques minutes chacun peut en faire l’immédiate expérience.

La clarté d’esprit n’est pas seulement voilée par des images et des formes mentales – des pensées, des opinions, des conditionnements, etc. elle l’est également par des réactions d’ordre émotif.

Nous nous efforçons sans cesse de trouver du sens à nos pensées et à nos émotions, nous en faisons le classement, cherchant à mettre de l’ordre à tout ça. C’est un peu comme si nous voulions composer un puzzle avec des pièces qui changent continuellement de forme et que par un effort de volonté nous voulons contraindre à épouser des espaces répondant à nos attentes. Nous voulons en emboîter certaines et en retirer d’autres. Nous voulons que certains évènements se produisent, mais en empêcher d’autres.

Nous classons en catégories opposées : « ceci, cela … toi, moi … douloureux, heureux » et ainsi de suite. Interminablement, inlassablement.

C’est cet improbable puzzle, produit de notre confusion mentale et de nos attachements que nous confondons généralement avec notre Être Véritable qui bien que né de la pure connaissance, de la vacuité, de la source se trouve (seulement) voilé par le flot mental ...