SUKIYA ou la chambre de thé

Wakeilg Wa  Kei  Sei  Jaku

Raku tea 1

Petite Chronique japonaise by Nomiya-san

                   

SukiyaSukiya peut signifier Maison de la Fantaisie , Maison du Vide ou Maison de l’Asymétrique.                                                   

Dans la chambre de thé, tout semble irréel. L’espace vide se prête librement à toutes les mises en scène . C’est un espace qui n’est pas figé dans la durée . Il n’est pas organisé, ce sont les rituels accomplis autour du thé qui créent l’émotion, qui lui donnent sa respiration. Chaque objet se présente isolément et distinctement au regard, et néanmoins dans une simultanéité avec un autre  qui présente des caractères opposés.

Aucune forme, aucune couleur, aucun dessin ne doit s’inscrire dans la répétition  Un bol noir ne peut voisiner avec une boîte à thé noire. Une fleur fraîche dans un vase interdit la présence d’une peinture de fleur. Si la bouilloire est de forme ronde, le pot à eau sera angulaire. Rien ne doit se répéter. Tout doit évoquer une infinité de mondes minuscules qui se confrontent, coexistent, s’harmonisent dans une tension dramatique.

Chaque élément se prolonge dans un autre qui vient le compléter , dans des variations infinies, comme des notes de musique. Entre chaque élément , est un vide qui sollicite l’esprit et le rêve . Ce que l’on croit qui nous manque , c’est ce qu’on doit chercher encore , qui n’est pas déjà apparu. Au Japon, on évoque alors le ma, lieu vide où toutes sortes de phénomènes apparaissent et s’ordonnent librement.

Tea ceremonyL’esprit du thé surgit dans un monde flottant entre les signes.

La chambre de thé se présente comme une scène de théâtre Nô. Elle est vide, elle attend ses acteurs , elle attend de vivre son drame.

Entrer dans la chambre de thé suppose de franchir l’engawa. C’est une zone frontière appartenant à deux espaces à la fois sans les séparer vraiment. C’est aussi le ma , le vide ou l’intervalle entre deux mondes qu’il faut franchir, comme un pont, comme une marge. L’engawa est à la fois la frontière qui sépare  et la ligne qui relie ces deux mondes, l’avant et l’après, le proche et le lointain , le dedans et le dehors, le yin et le yang.

Entrer dans la chambre de thé, c’est aller de l’ombre à la lumière, et de la lumière dans l’ombre. L’or n’est jamais plus beau que lorsqu’il se révèle au milieu des ténèbres. Ainsi se révèle  l’esprit du thé, l’espace vibre et frémit, suspendu dans l’instant comme un vertige.

Tea ceremony nomiya

L’esprit du thé déferle de la bouilloire dans le bol,

et du bol à la bouche,

envahit le corps.

Une vie entière contenue dans un unique instant.

zen Nihon japon nomiya

Commentaires

  • Désirée
    Il y a quelques mois, notre professeur de Tai Chi nous a proposé de participer à une cérémonie du thé chinoise gongfu cha. Ce n'est pas comme le prétend wikipédia une "manière de faire du thé" c'est un vrai rituel qui inclut de la méditation, le bouddhisme, le taoisme. "Harmonie, silence, respect, sérénité" sont les quatre vertus du gongfu cha. D'abord il y a toute la pratique, tourner les minuscules tasses, essuyer les instruments (ils sont différents de ceux de la cérémonie japonaise) remplir plusieurs fois la théière -minuscule elle aussi- et vider l'eau dans le "bateau à thé". Tout est petit, délicat, le plateau est en bois délicatement sculpté, les serviettes de service sont soigneusement pliées. En fait, l'officiant remets de l'eau chaude dans la théière jusqu'à 5 fois sur le même thé. Ce qui fait qu'il est de plus en plus chargé en tanins et surtout le goût change. Pour cette cérémonie on utilise des thés très chers, comme on utiliserait un grand vin que l'on boirait à petites gorgées, en le gardant un peu en bouche pour en percevoir toutes les intimes saveurs. Bon moi j'ai perçu fortement une saveur de framboise là où il fallait percevoir du bois -rire- mais bon mes papilles doivent être farceuses. Ou peut-être qu'il y a réellement une saveur de framboise et que personne encore avant moi ne l'avait perçue. Va savoir. ^^ Bref, tout cela se fait dans le silence et prend une dimension spirituelle évidente. Ce que j'apprends maintenant depuis un an c'est que la manière chinoise de faire n'est pas la manière japonaise. Mais elle n'est pas moins raffinée, précise. La Chine reste un grand pays à découvrir. :)
    • sunyatazenconseil
      • sunyatazenconseilLe 22/10/2014
      Merci pour le partage :o)))

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