Présence au Monde
- Par sunyatazenconseil
- Le 23/02/2012
- Dans Poésie
- 4 commentaires
"Présence au Monde" - Marie-Paule Deville-Chabrolle
Dessus et dessous.
C'est comme de l'électricité qui court sur la peau,
Et dessous,
Plus profondément,
Dans la chair.
On sent avec la peau, avec la chair, avec tous les atomes amalgamés et sensitifs.
Tout.
Les autres.
Le monde.
Les changements infimes dans l'air,
Le basculement de l'hiver dans le printemps,
Le chant des roses et des pâquerettes,
La pensée du chat
Et celle de l'oiseau ...
Ça commence sur la peau, puis ça pénètre, ça traverse et on est sans défense contre ça, cette invasion. C'est comme être traversé par une lance tranquille qui percerait sans aucun effort, sans aucune violence, toutes les défenses autour d'un royaume intérieur. Une lance dont la trajectoire jamais ne se courberait pour finir par tomber au sol, dont la vélocité serait constante, régulière. Le royaume n'a pas de fin, pas de frontière. A l'intérieur de nous, l'univers. Et plus encore, tellement plus. Le monde à l'intérieur de nous est hors de notre compréhension, hors de notre capacité à limiter, circonscrire, cartographier.
La lance disparaît, mais la trace demeure, le sillage. Le monde au dedans est. Il n'a pas besoin d'être expliqué, juste perçu. Et quand on le ressent c'est tellement grand qu'on ouvre instinctivement les bras. Évidemment ça ne sert à rien ... On ne peut contenir plus qu'UN univers.
L'on pourrait croire que notre enveloppe charnelle est la limite, mais c'est une erreur de point de vue. Notre corps est "dans". Et notre royaume intérieur est aussi "dans". Quelques atomes agrégés entre eux ne font pas un réceptacle étanche, nous sommes de grands poreux. Nous croyons être. Mais notre vide sasse le vide.
La réalité n'est que la surface du RIEN qui est TOUT.
"Au monde".
Cette expression me colle à la peau. Je suis entièrement contenue dans ces deux mots. A chaque seconde traversée, bombardée par tout ce et ceux qui m'entourent. Avec une seule certitude autour de laquelle je me maintiens tant bien que mal : c'est l'amour qui lie tous mes atomes.
Tout le reste est sans objet. La culpabilité, le péché, la peur, la peur, la peur, même éros ne compte pas. Il n'est que le petit escabeau en bois doré pour monter se nicher plus haut. Un petit plaisir pour en atteindre un plus grand, un de l'ordre de la dilution heureuse.
Mais tout au fond, la seule évidence :
Seul l'amour compte.
Désirée Thomé
quiétude Silence rencontre amour
Commentaires
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- 1. Marie-Paule Le 29/02/2012
Merci de ce joli texte sur votre blog
Très intéressant au demeurant
Je reste en contact avec vous
Très amicalement
Marie-Paule Deville-Chabrolle -
- 2. Désirée Le 24/02/2012
Oui peur, tu as raison. Mais pas seulement. On peut être "retenu" par le sentiment du devoir envers une personne, un enfant par exemple, et s'interdire d'aller trop loin car au bout on ne sait pas si on pourra "revenir"...
Néanmoins je suis heureuse de constater que nous nous sommes peu à peu rapprochés dans nos "visions" respectives. :) -
- 3. Désirée Le 23/02/2012
C'est difficile à expliquer. J'ai fait de mon mieux, mais j'ai échoué à exprimer cette espèce "d'amplification" que l'on ressent. On pourrait résumer par "voir" (comme Neytiri "voyait") et aimer. L'un découlant directement de l'autre.-
- sunyatazenconseilLe 24/02/2012
Hum ... échouer quelle drôle d'idée. "Voir" ne dure pas en effet, si nous parvenons à percer le voile nous ne le déchirons pas complétement. Pourquoi ? Parce que nous avons "peur" (une trouille monstre !) de ce qu'il laisse entrevoir. Peur de "perdre" ce que avons de plus précieux à nos prunelles ébahies, peur de nous diluer, peur de disparaître, peur de nous dissoudre dans un néant sans chaleur, sans rien ... Et du point de vue de l'ego, nous avons raison d'avoir peur ! Kôdô Sawaki (moine sans demeure) disait je crois que le dojo était l'endroit où "on tuait les hommes" (et les femmes!). Ce qui merveilleux dans la pratique de zazen, c'est qu'elle ne "nourrit" pas l'ego - si c'est le cas il y a un blème - mais d'un autre côté comment "obtenir" qq chose de qq qui va y laisser la peau ? Je veux dire sans son consentement ... C'est du viol ! ;o) Alors ne crains pas d'échouer, en définitive "je" a perdu d'avance ; échouer (jugement qui ne vise qu'à lui donner davantage de consistance)est "formateur" pour "lui". ... Cool.
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