Un vide insondable et rien de sacré

amazing-elephant.jpegLe Maître dit :

"Suppose qu’un homme soit suspendu à un arbre au dessus d’un précipice, se tenant uniquement par les dents à une branche, sans pouvoir se servir de ses mains ni de ses pieds.

Et que quelqu’un lui demande alors :

 - Quel est le sens de la venue en Terre du Milieu du premier patriarche*?

En ne donnant pas de réponse, il contrevient à l’attente du questionneur. En répondant, il tombe dans le précipice et perd la vie.

Que doit-il faire alors?

...

*Bodhidharma premier patriarche tchan (zen) de la lignée chinoise


MonkGdePagodeXian1.jpgUn identique message peut se révéler à travers maintes histoires zen et un même conte peut contenir plusieurs niveaux de compréhension. La caractéristique commune à tous ces koans reste leur unité profonde, réelle et intime, une identique saveur s'en dégage qu'il s'agisse de paroles de maîtres tchan chinois, zen japonais, coréens, tibétains, thaïlandais, etc ...

Tous enseignent le dharma profond du Bouddha et tiennent le même discours à peu de choses près.

Cet esprit nous pouvons le ressentir à travers ces petites histoires et s'en imprégner peu à peu de manière intuitive car nous ne parviendrons jamais à les comprendre intellectuellement par un raisonnement discursif. En définitive nous nous apercevons qu'il n'existe aucune leçon de morale, aucun sens dans les mots, aucun dogme - ni enseignement à proprement parler - sinon la nécessaire prise de conscience de ce   r e t o u r n e m e n t   que le maître cherche à provoquer chez l'élève.

bodhidharma.jpg"Un vide insondable et rien de sacré" ; selon l'expression de Bodhidharma, le légendaire premier patriarche du zen (tchan).

 A la fin, il s'agit toujours d'apprendre à lâcher prise.




temple.jpgUn extrait de l'enseignement suivant l’école japonaise soto, illustre un peu ce "vide insondable et rien de sacré" :

« Pour atteindre la bouddhéité, il suffit de voir sa nature essentielle. (...)


« Il n’y a en cela pas de différence entre les esprits perspicaces et les esprits engourdis, entre les riches et les pauvres, entre les religieux et les laïcs, les orientaux et les occidentaux, les anciens et les modernes. Cela ne dépend que de savoir si le désir d’illumination est présent ou non, et si les instructions et les enseignements sont erronés ou exacts.
Même si vous recevez les instructions d’un millier de Bouddha et d’une myriade de maîtres zen, si vous ne continuez pas vous-même à demeurer en pleine conscience avec sérénité et unité de foi, vous ne pourrez jamais voir la nature essentielle et vous éveiller à la Voie. (...) 

« Plus encore, il faut comprendre que l’invocation des noms de Bouddha et la récitation des sûtra sont également des glaives acérés pour trancher les racines de la compulsion. Ne croyez pas qu’en faisant des efforts pour accumuler du mérite vous renaîtrez après la mort pour voir le Bouddha. Ne cherchez ni résultats, ni récompenses, ni grâces, ni bénédictions. Il faut vous détacher du merveilleux. (...)

satori.jpg« Si vous désirez atteindre un rapide accomplissement, brandissez le précieux glaive offert par l’Esprit-Roi et marchez directement en face de vous : si vous rencontrez les Bouddha, tuez les Bouddha, si vous rencontrez les maîtres zen, tuez les maîtres zen, si vous rencontrez vos parents, tuez vos parents ; Si vous rencontrez l’ensemble des êtres humains, tuez l’ensemble des êtres humains. Massacrez totalement tout ce qui est animé, tout ce qui est inanimé, toutes les formes et toutes les apparences, les montagnes, les rivières et la terre, tous temps et tous lieux, le bien et le mal, le vrai et le faux, et quoi que ce soit d’autre qui franchisse la porte des six sens et les chemins des sept consciences. (...)

« Arrivé à ce point, vous ne douterez plus que les Bouddha et les Êtres Humains, l’illumination et la souffrance, le samsâra et le nirvâna, le paradis et l’enfer, ne sont tous que des illusions. »

KOANs



zen tchan bouddhisme ORIENT

Commentaires

  • Dé
    • 1. Dé Le 22/08/2012
    En ce qui me concerne tu fais une erreur en pensant que je viens "chercher" quelque chose ou que "j'attends" quelque chose. Ce n'est pas le cas. Du tout. Pourquoi je viens ici bien que je n'accroche pas vraiment au zen (parfois ça me parle quand même, quand ça s'élève, quand ça ne veut rien, que ça n'affirme rien, que ça devient de la lumière pure. La méditation par exemple, ça me parle), je viens par amitié, et un brin de tendresse j'avoue. Je viens parce que je te perçois comme un homme "bien" voire de bien. Noble.Un vrai chevalier quoi. J'aime bien ce que je ressens au-delà du kimono noir. ^^ Voilà rien de tordu ni de libidineux.

    Pour être claire non le religieux ne m'attire pas du tout, du tout. Pour moi la religion c'est le niveau inférieur de ce auquel j'aspire. Pas un paradis, un nirvana, mais plus humblement (?) une certaine forme d'accomplissement personnel m'irait parfaitement. J'ai encore du boulot j'en suis très consciente. J'aimerai être pétrie de bienveillance envers mes semblables mais les bougres ne me facilitent pas la tâche (c'est leur rôle?? ;) )

    J'aime beaucoup dialoguer, ergoter, avec toi, même si neuf fois sur dix tu ne me réponds pas :) Je me dis que tu n'as pas le temps, pas l'envie, et je respecte. La preuve c'est que je viens encore. T'asticoter (mais c'est peut-être mon rôle?) (je plaisante :) )

    bises et il fait effectivement une chaleur épouvantable chez moi. Hier j'étais dans le Cantal et il faisait quand même meilleur...
  • Dé
    • 2. Dé Le 18/08/2012
    J'y reviens. J'étais tentée de dire "tout dépend de la carotte".Mais non, objectivement non, si je me tourne vers moi je sais que je suis réfractaire à toute idolâtrie. J'admire quelques personnes mais pas au point d'abandonner mon libre-arbitre et de me rendre aveugle.

    Corollaire: Je suis incapable de m'abandonner. Est-ce un mal ou un bien?
    • sunyatazenconseil
      • sunyatazenconseilLe 18/08/2012
      Oui réfractaire c'est le mot ... Je me demande bien ce que tu viens chercher - oui je sais ce n'est certainement pas le bon verbe ... un chouïa de fraicheur peut-être vu la calor ambiante ces jours ?- sur ces pages. On dirait que certains "trucs", une certaine religiosité, ... t'attirent mais que tu crèves de trouille, que tu as peur de perdre ton discernement, ton contrôle, mais le contrôle de quoi au fait ? Oui être incapable d'abandon est une tare certaine (rire). Selon moi deux sentiments humains conduisent à l'abandon : l'amour et la foi. Les deux sont très liés d'ailleurs et peuvent s'exercer sur à peu près tout ce que nous rencontrons sur cette terre ... Bise Dé.
  • Dé
    • 3. Dé Le 17/08/2012
    *rire* ;)
  • Désirée
    "Atteindre la bouddhéité"...il y a donc toujours "quelque chose à atteindre.Attendre. Le paradis, le nirvana, l'accomplissement. Une carotte de plus. C'est pour cela au fond, que je n'adhère pas. Parce que le discours se contredit.Parce que les mots ne sont pas fermes et que je ne peux y prendre appui. Un vide insondable et rien de sacré, tellement vrai. Il serait sage en effet que tous ces maîtres intègrent le profondissime de cette phrase et ne bercent plus les quêteurs d'illusions, de fantasmes de sainteté, de but à atteindre. Le seul bénéfice pour l'être dans son élévation c'est le grand calme intérieur, la paix avec soi-même et donc avec l'autre, la distance bienveillante.Le paradis, l'éveil dans sa dimension religieuse et démonstrative c'est du blabla. Je trouve le chemin intéressant, l'illusoire destination beaucoup moins. Mes yeux sont grands ouverts, je suis adulte désormais, et les carottes ne me font pas avancer d'un pouce...
    • sunyatazenconseil
      • sunyatazenconseilLe 17/08/2012
      ... Et si vous rencontrez une carotte, eh bien, ... mangez-la ! Sourire.

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