Etre essentiel
- Par sunyatazenconseil
- Le 01/11/2016
- Dans ZEN
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La violence de notre société dite moderne provient en grande partie du fait que les gens n’accordent pas assez d’attention envers eux-mêmes. Incapables de maintenir harmonie et paix intérieur ils ne communiquent aux autres qu’agitation, confusion et peur.
Lorsque nous cessons de nous violenter nous-mêmes, de nous condamner au cachot de l’angoisse à perpétuité, quand nous lâchons prise et que nous nous détendons, que nous apprécions les êtres et les évènements pour ce qu’ils sont … Alors, vraiment, complètement, intimement nous touchons à l’Être Essentiel.
Bienveillante présence qui existe en chacun.
Cultiver attention et tendresse permet de voir avec clarté problèmes et possibilités : nous ne fermons plus les yeux devant l’adversité ni ne courbons l’échine devant la fatalité, mais devenons plus ouverts ainsi le dos se redresse face aux intempéries. Cette observation douce est indispensable car elle représente le pivot central de notre ressourcement capable à lui-seul de nous aider et donc, d’aider les autres …
Nous avons cet esprit et ce corps et ce souffle qui les anime, ces biens si précieux nous permettent d’appréhender le monde. La roue tourne de plus en plus vite, et nous ignorons le temps qui nous reste à vivre … Alors ? Puisque nous disposons de cette vie, il nous faut en faire l’usage, l’usage le meilleur qui soit … Et avant même de l’user, pourquoi ne pas simplement, complètement l’apprécier ?!
Comment ?
Empiler des désirs sur la liste sans fin de notre profonde insatisfaction ne mène nulle part. Dans la tradition zen, la discipline qui permet à la fois de cultiver douceur et attention envers soi-même – d’être intime avec le corps et l’esprit – et d’apprécier le monde à sa juste valeur est shikantaza, l’assise silencieuse zazen.
Cette pratique simple, exigeante et redoutable d’efficacité fût enseignée par le Bouddha historique voilà plus de 2500 ans. Elle est toujours présente, ici, près de chez vous, et très actuelle se transmettant uniquement par voie orale de personne à personne, i shin den shin.
La rencontre avec la grande assise débute lorsque nous prenons place sur le zafu, les jambes repliées, nous commençons ainsi à sentir qu’en étant simplement dans l’instant présent, notre sensation devient fluide et reliée. Nous devenons semblable à un souverain, sur son trône, majestueusement assis et pour la première fois nous ressentons une tranquillité jusque là inconnue (ou alors entr’aperçue mais bien vite oubliée). Nous le savons tous, il y a un réel bonheur à éprouver la simplicité d’un réel moment pur et nu.
Dans notre pratique il est essentiel d’avoir un dos bien droit. Tenir un dos droit n’est pas une posture artificielle, mais la position naturelle pour la colonne vertébrale, l’arbre de vie. Dans une attitude avachie, nous avons du mal à bien respirer et un dos rond est le signe d’un abattement physique ou moral certain. Rappelez-vous, le zafu est réellement un trône, et la nombreuse assistance de vos sujets n’a d’yeux que pour vous, votre attitude ne peut être donc que … royale !
Pour avoir le dos droit nul besoin de tirer les épaules vers le haut, mais bien installer ses fesses au centre du zafu de tout son poids, de toute sa densité plus exactement, ensuite basculer le bassin vers l’avant, maintenant les genoux au sol et pousser, pousser le ciel avec le sommet du crâne.
Ainsi la colonne se trouve correctement positionnée, sans tension, sans effort exagéré, mais avec énergie. Nous ne penchons pas la tête. Nous ne sommes pas en train de plier devant quoi que ce soit, le menton est rentré, la nuque étirée et le bout de la langue rejoint le haut du palais (palais du roi évidemment ! ;o)
La tête est bien campée sur les épaules qui sont basses, détendues. On détend également le contour des yeux, la mâchoire et on esquisse même un léger sourire …
Dans cette posture, nous ne promenons pas de regard autour de nous, nous sommes pleinement là, face au mur, comme face à soi-même, les yeux mi-clos, regard posé à un mètre devant soi.
Les avant-bras reposent sur le haut des cuisses, main gauche dans main droite, pouces à s’effleurant à peine et formant un bel ovale.
De manière identique, devons-nous veiller dans la vie quotidienne à conserver cette attention au corps, à la posture, le port de tête, les épaules, la démarche, la façon de regarder les gens, de parler …
Ensuite, nous portons attention au souffle, quand nous respirons, nous sommes pleinement présents, comme si notre vie en dépendait (ce qui est bien le cas !). Expiration profonde, paisible, par le nez. En silence. Puis inspiration ample et naturelle se produisant d’elle-même à la manière d’un ballon qui se gonfle.
Pas besoin de suivre l’air qui pénètre ou de compter ses respirations, nous revenons simplement à la posture et accompagnons l’expiration suivante.
Invariablement, au bout d’un laps de temps, il se produit une pensée et nous disons simplement : « pensée », nous ne le disons pas à haute voix mais mentalement. Reconnaître ainsi les pensées facilite le retour à l’attention portée à la respiration.
Lorsqu’une pensée nous éloigne complètement de ce que nous sommes effectivement en train de faire – quand nous ne sommes plus conscient d’être assis sur un coussin, mais en tout autre lieu – alors nous disons « pensée » et nous ramenons notre attention sur le souffle, ici et maintenant.
Les différents types de pensées que l’on peut avoir n’ont aucune espèce d’importance, ici. Dans la discipline zen, toutes pensées vertueuses ou monstrueuses sont vues uniquement comme des pensées. Aucune pensée n’est autre chose qu’une pensée !
Ainsi, contentons-nous de coller l’étiquette « pensée » à chacune d’elles, puis retournons paisiblement sur notre trône en expirant longuement et consciemment … Pensée, expir, pensée, expir, …
Zazen est très précis, il vous faut être là dans l’instant même. Il faut travailler assez sérieusement, sans prise de tête mais avec constance et régularité, alors nous parviendrons à synchroniser esprit et corps.
Pour commencer asseyez-vous dans la posture correcte. Puis, expirer profondément, revenez aux points de la posture, laissez passer les pensées et recommencer cet enchaînement à l’infini. L’esprit et la respiration travaillent de concert avec le corps comme axe central, comme point de repère. On ne travaille pas seulement sur l’esprit, mais à la fois sur l’esprit et le corps. Quand les deux sont reliés, intimement, nous ne quittons jamais la réalité vraie.
Etat subjuguant de calme idéal, de sérénité, de paix profonde qui s’établit lorsque nous réalisons l’union corps/cœur et esprit.
Si la posture n’est pas dans sa juste tension, si le corps s’affaisse, alors l’esprit s’en va voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Lorsque esprit et corps sont en harmonie, la respiration est adaptée, tout cela collabore, l’esprit s’y retrouve, il dispose d’un point d’ancrage.
Cette unité des 3 « C » : Cœur/Corps et Cerveau (esprit) nous apprend à être simple et à sentir que nous ne sommes rien de spécial, des êtres ordinaires … extra-ordinaires !
Attention méditation zen zazen
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