SHODOKA n°5
ZAZEN - saison 2017/ 2018 – (
5ième vers du SHODOKA – Chant de l’Eveil écrit par le maître t’chan Yoka DAISHI, d’après les commentaires qu’en a fait Kodo SAWAKI.
« Quand on constate la réalité des choses, il n’y a plus ni homme, ni loi. Le karma avîchi – càd le 8 ième des enfers le plus terrible – est anéanti dans l’instant. Si je mens pour vous tromper, que me soit infligé à jamais le supplice de la langue arrachée ! »
La pratique de zazen vise à nous faire percevoir notre véritable nature et ainsi la réalité ultime de l’univers. Hors cet absolu échappe à notre entendement (par nature relatif, conditionné, limité), la caractéristique même de cet absolu étant justement de n’avoir aucune caractéristique.
Voilà, à ce propos, ce que nous dit le très profond Hannya Shingyo que nous entonnons après zazen ; vide de ceci, vide de cela, ni yeux, ni oreilles, ni naissance, ni mort, ni souillures, ni puretés, etc … Telle est la Vraie Réalité et comme l’a dit le Bouddha : rien ne nous est caché, toutes les existences, tous les phénomènes sont vide d’aspect. En tant qu’humain, nous ne voyons que l’étendue de notre spectre d’humain, la réalité serait toute autre pour un animal ou un insecte. Dans la Bhagavad Gîta – livre sacré de l’Inde – il est écrit : « Le monde que tu vois est le monde que tu es, divin si tu vois le divin, poussière si tu vois la poussière. »
Ainsi en regardant le monde avec un œil de bouddha, d’un réalisé, nous pouvons voir que tout est bouddha. C’est un tel regard qui a percé la Réalité il y a plus de 2500 ans et c’est aussi à ce regard que nous devons d’être réunis là ce soir …
Et si nous revenons ici régulièrement, c’est pour comprendre, comprendre profondément cette Réalité si proche mais pourtant si difficile à appréhender. Découvrir la Réalité Profonde, c’est embrasser d’un seul regard l’univers entier. La langue française nous permet d’utiliser le verbe « embrasser » pour percevoir la réalité ultime, c’est vraiment de cela qu'il s'agit ... Embrasser !
Ceci n’est pas une question de quantité mais d equalité, pas besoin d’outillages scientifiques sophistiqués, il s’agit d’aller au cœur de soi-même ici, maintenant et pour cela nous devons admettre que nous vivons dans l’illusion, dans l’ignorance.
Kodo SAWAKI a dit : « C’est parce que nous n’embrassons, pas l’univers d’un seul regard que nous souffrons. Quand la vision est totale, il n’y a ni attirance, ni répulsion : les choses sont ce qu’elles sont et c’est tout. Ceci n’est que ceci, cela n’est que cela. »
Alors nous sommes témoin de la Réalité, nous dit Yoka DAISHI, il n’y a plus ni homme, ni loi. Et le karma – le plus terrible qui soit – est anéanti en un instant. Ce que nous entendons par souffrance n’est que le produit de notre manufacture d’humains, si elle n’existait pas le plaisir n’existerait pas non plus. Sortir de cette dualité et englober les contraires, englober les contradictions est justement ce que nous appelons « embrasser l’univers d’un seul regard ».
Les illusions disparaissent quand on accepte la souffrance pour ce qu’elle est et le plaisir tel qu’il est. Dans l’instant, immédiatement, l’enfer où la souffrance ne connait nul répit, l’enfer le plus terrible qui soit, l’enfer disparait.
Celui (ou celle) qui s’éveille voit immédiatement le monde du dharma où toutes choses son UN.
Telle est la Réalité Vraie.
Si je mens pour vous tromper que ma langue soit arrachée !