MOKUSO
- Par sunyatazenconseil
- Le 11/08/2015
- Dans KENDO
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La pratique de MOKUSO remonte au Japon et à la Chine ancienne et à n'en pas douter plus loin encore à l'Inde guerrière.
MOKU Garder le silence
SO Pensée
Que l'on traduira ici par "Pensée silencieuse" ou "Penser en silence" !
Dans le zen nous parlons de la conscience HISHIRYO : "Penser du tréfonds de la non-pensée".
À travers l'histoire la méditation (dhyana en Inde, t'chan en Chine et zen au japon) était connue comme une partie essentielle de la formation de quiconque souhaitait pénétrer les arcanes des arts martiaux.
Beaucoup de grands maîtres du passé ont atteint grâce à elle un niveau de maîtrise époustouflant avec une technique superbe de simplicité. Et si seulement une infime partie de ces légendes montrent un pouillème de vérité, la contribution des aspects méditatifs à la progression des arts martiaux est bel et bien une réalité.
La posture correcte est le premier principe de base.
Juste alignement du corps, narine, nombril et périnée, étirement de la colonne vertébrale vers le haut sans tension inutile. Réaliser l'unité corps/esprit afin de permettre au praticien de retirer les avantages de la pratique. Ainsi un esprit arrangé va pouvoir disposer d'un approvisionnement en énergie optimum (chi pour les chinois, ki pour les japonais).
Le positionnement correct du corps se focalise sur la colonne vertébrale qui doit être droite, dans sa courbure naturelle, ni trop tendue, ni trop relâchée. Dans la pensée orientale l'être humain forme un trait d'union entre le ciel et la terre.
La méditation peut être exécutée de maintes façons, assis sur une chaise, assis en lotus (ou 1/2 lotus) et même couché (c'est plus difficile à cause du risque évident d'endormissement !).
Mokuso se pratique habituellement en seiza (agenouillement), c'est une posture adaptée aux dojo d'arts martiaux qui peut se révéler cependant très douloureuse dans la durée. Le positionnement des mains est celui du zazen, main gauche dans main droite tranchant des mains contre le bas ventre, pouces parfaitement alignés qui s'effleurent à peine. L'inverse peut également exister - il a d'ailleurs existé par le passé, main droite dans main gauche - c'est d'ailleurs ainsi que la plupart des statues de bouddha assis son représentées.
Avec ce mudra - position des mains - issu du yoga et révélé par l'expérience d'éveil du Bouddha historique - nous ramenons la conscience et le corps sur un même point de concentration, la main gauche représente Zenjô, l'état méditatif et la main droite symbolise Hannya, la sagesse.
Attention la position des mains doit favoriser la pleine détentes des épaules et non pas leur crispation.
Détail d'importance, la position de la langue, placée contre le palais juste derrière les incisives supérieures agissant ainsi comme "pont" pour une bonne circulation de l'énergie interne. Cette "connexion" est essentielle à une bonne concentration. Un esprit dispersé étant un obstacle à la pratique avancée (et si c'est votre tendance, une méthode pourrait être de compter vos respirations).
Dans le zen, nous tâchons de "laisser passer" (tout) ce qui traversent nos crânes afin d'entrer en contact, ou plûtot de baisser le voile qui obscurcit notre nature véritable, notre vrai visage. Le regard est posé à un mètre devant soi, les yeux mi-clos. Là aussi afin d'être ni dans l'endormissement (yeux fermés), ni dans l'activité pleine (yeux ouverts), les yeux ayant - comme la démontré la science : Pensez au REM (Rapid Eyes Movement) qui caractérise l'état de rêve (importante activité électrique du cerveau) du dormeur - une influence capitale sur notre cerveau.
La respiration est la clef de voûte de la pratique correcte. Tout au long des époques un grand nombre de techniques ont été développées, toutes basées sur une série de principes centraux.
La respiration correcte bénéficie grandement au corps et par voie de conséquence à l'esprit. Tout d'abord, prenons bien conscience des obstacles qui sont les notres au quotidien ; stress, postures et attitudes plus ou moins déplorables, etc … Remarquons que la respiration d'un nouveau-né, ou de votre chat par exemple est principalement abdominale, alors que la notre implique l'étage supérieur avec pour corollaire des épaules (souvent) "hautes" …
Ce n'est pas un hasard si notre centre de gravité (également centre émotionnel et centre d'énergie) se situe quelques centimètres sous le nombril (là ou nous plaçons le tranchant des mains !) dans le hara cher au japonais. Toute la respiration doit impliquer de longues et profondes expirations, lents "va et vient" du souffle par le nez en silence en amenant consciemment l'énergie de cette respiration dans le bas-ventre comme un serpent qui s'y loverait.
Si la pratique est correcte, soutenue et répétée alors la poussée d'énergie et le sentiment de plénitude tranquille seront votre lot. Evidemment nul besoin d'être artiste martial pour pratiquer mokuso, en fait l'unité corps/esprit est à rechercher, à cultiver dans tous les actes du quotidien, comme se brosser les dents ou même faire ses besoins ...
Les progrès comme dans l'art martial dépendront de notre détermination et de notre assiduité !
Gasshô et bonne rentrée martiale !
Parole de Hanshi :
"Elégance et beauté de la technique sont des choses que l’on ne peut pas contrefaire. On ne peut y parvenir qu’au prix d’un continuel entraînement avec ces éléments en tête. En faisant ainsi, votre waza deviendra une seconde nature et un air de grâce se manifestera naturellement dans vos mouvements. Un vieil adage dit qu’il n’existe pas de waza qui puisse être expliquée. Autrement dit, pour être sincère, elle doit être faite inconsciemment, naturellement. C’est ce qu’on appelle Jiri-itchi, l’unification de la technique et de l’esprit ; un but essentiel dans votre pratique. Cependant, pour faire l’acquisition de cette maîtrise utile à la société, vous devez dès lors oublier votre fixation de la technique et de l’esprit (jiri-sobo). C’est alors que cela devient naturel. C’est le niveau de maîtrise supérieur, celui auquel en tant que kendoka nous devons aspirer.
C’est pour s’améliorer soi-même et améliorer la société."
Oka Kenjiro né à Tokyo en 1927
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