Tu ez l'soleil !

T’es là , tu t’plains, t’as peur.

 Dis, tu crois pas qu’tu pousses

 A gémir sur ton sort,

 Alors qu’le vieux là-haut

 Y’s tape à lui tout seul

 Tout l’poids d’la création ?

 Avec toutes les âneries

 Qu’les hommes ils lui ont fait,

 Tu crois qu’y s’demande pas

 Pourquoi qu’tout ça arrive,

Qu’y s’sent pas responsable

Vu qu’cest lui qu’y a créé ?

Mets-toi donc à sa place

Tu verras si c’est drôle.

J’t’imagine dans sa peau

Sûr, tu nous f’rais une crise.

Arrête tes jérémiades,

Mouille donc un peu ta ch’mise,

T’as pas grand-chose à faire,

T’as juste à la fermer,

Et à r’trousser tes manches

Pour ramer sur le sable,

En attendant qu’y ait d’l’eau.

Laisse tomber l’attirail

À honorer l’bon Dieu,

Y roupille dans son coin,

En attendant qu’ça s’passe

Tellement qu’cest ennuyeux.

Pendant qu’tu brames tout seul

Dans l’noir, au fond d’ta piaule,

À glander sans rien voir.

Tu vois pas qu’t’es tout seul,

Ou c’est-y qu’t’as trop bu ?

Dehors y a du soleil,

Pendant qu’tu joues l’endive.

L’bon Dieu, y a pas à dire,

Y préfère la campagne,

Y préfère les p’tits ch’mins,

La boue et les cailloux.

Toi y t’causera jamais

Si tu chougnes sur ton sort,

À l’inonder d’prières

Ramollies par tes larmes.

Y préfère ceux qui bougent

La ch’mise trempée d’sueur

Et toute raidie d’poussière.

Ceux qui attrapent la vie,

À bras l’corps, sans détour,

Et qui lui font honneur

En chantant pour sa gloire,

Une belle chanson à boire

Plutôt qu’tous ces cantiques.

Et pourquoi qu’t’irais pas

T’rouler dans la poussière

Et tout comme les cochons,

Sentir le goût d’la terre ?

Pas de honte à avoir

À honorer la pluie

À saluer l’soleil

En gueulant : « j’suis en vie ! »

En s’vautrant dans les herbes,

Qui sont les ch’veux d’la Terre.

T’as peur du ridicule,

Et c’est comme ça qu’tu l’es.

Ridicule à pleurer,

Avec toutes tes manières

De tordu évolué

Qui nous foutent la misère,

Partout où qu’y a des gens

Qu’aiment pas les artifices.

Là, tu veux que j’te dise

Le fond de ma pensée ?

Avec tout leur pognon

Y sont dégénérés,

Des accidents d’la vie,

Faut pas leur ressembler.

Y faut les fout’dehors

À grands coups d’pied où j’pense !

Cette sorte de puit sans fond,

C’est jamais satisfait.

Et plus c’est qu’ils amassent,

Et plus c’est qu’ils en veulent.

Ça tuerait père et mère

Pour avoir un peu plus.

Mais là ils tuent la Terre

Ils lui arrachent la vie,

Pour faire des bénéfices,

Pour gonfler leurs profits.

Faut-y qu’tu sois aveugle

Pour ne pas remarquer,

Qu’ils nous coupent la branche

Où c’est qu’on est posés.

Ils n’ont plus l’sens commun,

Où ils l’ont jamais eu.

Ces malades de la Bourse,

Y crèveront d’leur cancer.

Leur place, moi j’la leur laisse,

J’m’y sentirais trop mal.

J’préfère le goût du miel

Et l’parfum des sous-bois

À ceux de leurs palaces.

La Terre n’a pas b’soin d’eux

Et quand elle se soulève,

Quand elle crache sa colère,

Ça peut paraître injuste.

Elle détruit ceux qui souffrent,

C’est p’t-être bien qu’elle les aime

Pour les emmener comme ça,

Par fournées gigantesques,

De l’autre côté d’la vie,

Pour leur offrir la paix,

Celle qu’ils n’ont jamais eue.

Tandis qu’tous ces rapaces

Planqués dans leurs bunkers

Y s’protègent de la mort

Parce qu’ils en ont peur.

Y essaient d’l’éviter

En amassant des choses,

Rien qu’pour se rassurer.

Mais elle leur colle aux basques

Et plus c’est qu’ils amassent

Et plus c’est qu’elle leur colle.

Elle les quittera jamais,

Et y crèveront c’est clair,

Sous leurs tonnes de pognon,

Aussi vides qu’un trou d’air.

C’est-y donc qu’t’as compris

Qu’il faut qu’on les arrête,

Et qu’c’est pas en geignant

Qu’on pourra y’arriver ?

L’bonheur, on y a tous droit,

Y tient en très peu d’choses,

Pour eux c’est encore trop.

C’est qu’la vie, ces gens là,

Ils l’ont jamais connue.

Ils connaissent que la mort

Qu’ils sèment tout autour d’eux.

Ils sèment ce qu’ils sont,

Y a pas à les envier,

Y a juste qu’à leur dire « non ! »

Et à les arrêter.

Tout c’qui disent c’est du vent,

Y font rien qu’à mentir,

Faut pas les écouter.

Y en a toujours pour eux

Quand y gagnent plus qu’la veille,

Y en a jamais pour nous,

Et y en a jamais eu.

Révise donc ton histoire,

Tout c’qu’on a obtenu,

C’était jamais possible

Et pourtant on l’a eu.

Faut arrêter d’pleurer

Sur quèqu’chose qui existe,

Alors qu’ils brament partout

Que ça n’existe pas.

Faut savoir dire : « je veux ! »

Et alors on aura.

Pour la Terre, c’est pareil,

Ils vont la faire crever,

Et c’est pas dieu possible

Crois moi, d’les laisser faire,

Sans devenir pire qu’eux

C’qui s’rait pis qu’la misère.

Faut pas qu’on tue l’espoir,

Faut pas qu’on tue l’soleil,

Faut s’accrocher à eux

Comme à une bouée d’sauvetage.

Et crois donc c’que j’te dis :

Demain ça s’ra la fête

Demain ça s’ra nouveau,

Demain on entendra

Murmurer les ruisseaux

Et chanter les abeilles,

Dessous un ciel tout bleu

Où c’quon s’tiendra tout nus

Sans attraper la honte,

Heureux d’être comme on est

Comme c’est qu’on nous a fait

Libres comme des oiseaux

Aussi solides qu’une pierre

 Et vivants comme jamais !

 

© Adamante

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