J'enseigne d u k k h a ...
- Par sunyatazenconseil
- Le 24/03/2015
- Dans ZEN
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Dans son enseignement le Bouddha nous indique qu’il est nécessaire de regarder ce qui obstrue la tranquillité parfaite, d’appréhender intimement les obstacles afin qu’ils puissent être ensuite abandonnés – laissés comme peau morte - et être perçus comme n’étant pas ce que nous sommes, ce qui fait notre véritable identité. Ceci est une entreprise très importante, en partie due au fait que la plupart de nos expériences sont désagréables, et que notre réaction naturelle à la douleur et à ce qui est désagréable est d’essayer de s’en débarrasser. Mais ceci est une erreur et donc cela demande beaucoup de pratique, d’entraînement pour seulement commencer à se tourner vers ce que nous pouvons être.
Voilà pourquoi le Bouddha a commencé par enseigner dukkha : « J’enseigne dukkha et la fin de dukkha. »
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Le tout est lié, car c’est seulement en arrivant à comprendre notre douleur et notre tendance à y réagir que nous pouvons faire l’expérience de ce qui est au-delà.
C’est une approche très réaliste, pragmatique parce qu’il s’agit de l’observation d’une expérience concrète du moment présent. Nous avons tendance à renier beaucoup de ce que nous ressentons. Nous avons tendance à refouler beaucoup de ce que nous ressentons car nous n’avons pas encore développé la faculté de ressentir ou de supporter vraiment la souffrance qui accompagne nos expériences.
Afin de nous permettre de réellement ressentir ce qui se passe dans notre vie, nous avons besoin d’avoir cette sorte de confiance ou foi parce qu’alors nous laissons aller notre emprise sur le monde, sur notre vie, sur notre tendance à vouloir rendre notre vie confortable, supportable et heureuse.
Être pleinement présent à chaque moment signifie abandonner notre habitude à nous projeter dans le futur, à penser tout le temps à ce que nous allons faire demain ou dans 10 ans. Dans notre pratique de zazen nous avons peut-être des moments où nous sommes pleinement présents dans le moment, mais la difficulté est de faire durer ce sursis dans lequel nous ne créerons ni le moi ni le monde …
Cela ne veut pas dire que le moi ou le monde sont des erreurs. L’erreur est plutôt l’ignorance dans laquelle cette habitude perdure et nous maintient dans l’obscurité.
Nous ne pouvons pas vivre la libération profonde qui selon le Bouddha est possible et même à notre portée, à moins que nous soyons en mesure de nous libérer de ce cercle vicieux à l’intérieur duquel nous fabriquons notre souffrance. Mais si nous amenons simplement notre attention vers cet aspect de d u k k h a ou profonde insatisfaction, nous commençons à découvrir la Liberté.
Dukkha est inévitablement souffrance à cause de notre identification avec elle. Il y a un certain degré d’activité mentale inconsciente qui nous attache et nous amène à nous battre avec des expériences douloureuses - qu’elles soient physiques mentales ou émotionnelles, des traumatismes ou justes de petites souffrances.
C’est le cas par exemple dans la méditation quand nous nous apercevons que nous sommes pris dans un flot de pensées ou dans une humeur dans laquelle l’esprit est capturé. Un sentiment de ” moi ” est forcement limité, et est accompagné d’une sensation de souffrance mentale. Donc notre tâche est de commencer à le reconnaître et pour cela nous devons entrer dans le combat. C’est difficile parce que nous sommes souvent en train de juger : « Ce n’est pas bien ; ce n’est pas le bon chemin ; je devrais être libre de cela. «
Ce ne sont pas des pensées conscientes. Ce sont juste des attitudes. Et donc nous pouvons commencer à nous demander : « Quelle est donc ma relation avec ce combat intérieur ? » … En étant vraiment dedans et en voyant :
« Cela c’est dukkha, le chagrin ou la colère. C’est comme cela que je les ressens. » Quelle que soit l’expérience nous laissons notre attention être spacieuse, vaste, lumineuse afin de pouvoir la contenir et la supporter. Mais si notre cœur ne peut s’ouvrir pour la contenir, alors cela continue à être un affrontement et notre réaction demeure tendue et contractée. Alors nous la repoussons à l’inconscient ou nous la nions ou encore nous l’exprimons complètement mais nous y sommes encore attachés.
Il y a différentes manières de s’ouvrir à dukkha : l’une d’entre elles est de le ressentir dans le corps comme un nœud dur de tension. Si nous sommes capables de laisser notre attention à nœud être détendue nous pouvons commencer à avoir une relation de paix avec ce sentiment. Bien sur, nous ne savons pas combien de temps cela va prendre - peut être pouvons-nous être attentifs à une émotion difficile et devenir très frustrés parce qu’elle ne change pas.
Mais si nous pouvons seulement être préparés à la ressentir telle qu’elle est, alors à un moment donné il y aura une sorte de relâchement, une subtile ouverture, et le « monde » va changer. Votre monde va changer …
Nous allons comprendre ce que le Bouddha voulait dire avec le mot « transcendance ». Notre attitude n’est plus exagérément dans le sentiment du « moi », du « je » et du « tu », etc … ou du passé et du futur. La construction mentale entière peut être dissoute à ce moment là - et cela est un avant goût de l’Immortalité.
Voilà l’expérience dont le Bouddha a parlé quand il dit dans un passage de son enseignement que dukkha peut conditionner l’apparition de la Paix Profonde. Au fur et à mesure que nous tournons notre attention de plus en plus vers dukkha en faisant l’expérience du relâchement des tensions, notre sentiment de foi ou de confiance augmente : « Ah oui, ça marche …C’est la bonne voie… », nous disons-nous alors.
Nous nous apercevons que nous sommes en fait capables de supporter ce que nous jugions insupportable. Ceci est vraiment très important car il y a beaucoup d’expériences auxquelles nous devons faire face et qui sont comme de grands monstres pour l’esprit. Ils ont en apparence le pouvoir d’obscurcir notre attention et de la détourner ailleurs. Et donc nous devons nous appliquer à revenir ici et maintenant et garder notre cœur ouvert sur l’expérience.
Cependant lorsque quelque chose cesse et que nous pouvons nous laisser tomber dans ce sentiment de non-identité ou de non-moi cela peut être effrayant pour certains et c’est peut être la raison pour laquelle nous ne pouvons garder ce sentiment longtemps. Pour être capable de faire durer cette impression d’illumination, d’attention pure nous avons besoin d’une très grande foi, d’une grande confiance …
Nous devons nous défaire de trop d’attachement.
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