Être disciple_Pierre Turlur
- Par sunyatazenconseil
- Le 01/07/2015
- Dans Des hommes et des dieux
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Si l'on me demandait ce qui est requis pour devenir un disciple, voici ce que je dirais :
Si vous le souhaitez vraiment, alors vous l'êtes déjà. C'est inconditionnel, comme juste s'asseoir jusqu'à ce qu'il n'y ait plus le moindre écart entre cela et vous.
Cela peut prendre une vie pour en saisir et en vivre toutes les implications mais disons que si vous voulez être le disciple du Bouddha, il vous suffit de prendre la forme de la montagne assise avec tout votre corps et votre esprit jusqu'à ce qu'il n'y ait plus le moindre écart entre cela et vous. Vous asseoir jusqu'à ce que le Zen vous assoie, jusqu'aux os.
Complètement.
Encore et encore, et sans fin.
Être disciple c'est coudre la robe du Bouddha, la robe faite de tissu et de fil, mais aussi celle faite des relations et connections dans toutes les directions : la famille, le boulot, les amis, et tout les existants (de la poussière à l'étoile).
Et ce dans les quatre directions et les trois temps.
Oui, c'est beaucoup.
Mais c'est possible une chose à la fois: disons simplement que prendre soin d'une chose suffit pour que tout soit touché dans les innombrables directions.
Être un disciple c'est être prêt à faire face au miroir ultime, pas celui du maître ou du gourou, mais celui de votre nature originelle qui ne pas vous laisser vous abuser et vous enivrer avec votre stupidité, votre arrogance ou vos illusions . Être disciple c'est être capable d'avoir tort face à soi-même et arrêter toute forme de mensonge. Vous êtes une merde comme n'importe qui d'autre et vous êtes aussi un joyau d'une ineffable beauté.
Et vous commencez avec ça.
Être un disciple ne requiert rien de spécial, l'esprit qui ne sait pas libre de toute attente.
Ouvert sur l'ouvert.
Être un disciple c'est perdre : pas l'argent, ni les pensées (elles reviennent toujours), ni même les illusions (innombrables selon notre chant) mais vous perdre.
Perdre tout de vous.
Jusqu'à la plus infime goutte de sang, de sperme ou de salive, mêmes les os.
Tout perdre.
Qu'est-ce qui reste alors?
Et s'il y a encore quelqu'un pour se poser cette question, comment l'oublier?
(chacun dans ce monde veut être reconnu, que les gens se souviennent de soi, les disciples du Zen travaillent à l'effacement des traces, ils volent comme les oiseaux et frayent comme les poissons, il est vachement dur de suivre les traces laissées par ces existences là, je veux dire les oiseaux et les poissons).
Être disciple c'est s'asseoir en sesshin, faire des retraites.
Étudier avec les maîtres : les enfants, les gens ordinaires, les soi-disants maitres Zen (pas si bons que ça, d'ailleurs), étudier la vie telle quelle.
L'ainsité.
Quand vous êtes fatigué, vous dormez, si vous avez soif, vous buvez. Faites une ou deux retraites par an et ne vous trompez pas au sujet du type qui porte la plus belle robe: ne le suivez pas mais suivez ce qu'il suit, lui. Il est votre doigt qui montre la lune. Depuis le commencement, il n'y a rien d'autre que la lumière de la lune. Si les gens vous disent le contraire, laissez-les.
Ici, nous sommes tous éveillés!
Être disciple c'est ne plus se prendre la tête avec le Zen et vivre votre vie. Rien que toute votre vie. Pas la vie d'un ou d'une autre. La vôtre.
Et c'est pas si facile.
Prenez Grand Soin de vous.
Taigu
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