Zen à l'hôpital
- Par sunyatazenconseil
- Le 20/11/2011
- Dans Méditation à l'hôpital
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Pourquoi nos hôpitaux ne se mettent pas à la méditation
La plupart des médecins qui l'ont tenté le disent : pas facile de faire entrer la méditation à l'hôpital. D'où viennent les blocages ?
Une pratique autorisée
« J'ai proposé d'utiliser la méditation en pleine conscience à l'hôpital. Les services concernés ont refusé » (Stéphanie Hahusseau, psychiatre) ...
Aucune autorité n'interdit aux médecins et aux psychologues de proposer une thérapie basée sur la pleine conscience. « J'ai même été embauché pour ça ! » déclare Frédéric Rosenfeld, psychiatre à Meyzieu, dans le Rhône et auteur de Méditer, c'est se soigner (Les Arènes, 2007). Depuis un an, cinq sessions ont eu lieu au sein de la clinique psychiatrique privée où il travaille, sans avoir nécessité d'autorisation. De même, dans le secteur public, le psychiatre Christophe André ou la gynécologue Marie-Ange Pratili ont lancé des programmes, respectivement à l'hôpital Sainte-Anne, à Paris, et au Centre René-Huguenin, à Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine ...
Réticence, indifférence ou rejet de l'hôpital ?
« Ce type de thérapie demande tout de même au médecin une heure de pratique quotidienne » (Frédéric Rosenfeld, psychiatre)
Pourtant, ces démarches restent très rares en France comme nous l'explique l'auteure du Petit Guide de l'amour heureux (Odile Jacob, 2009) et de Comment ne pas se gâcher la vie (Odile Jacob, "Pratique", 2008), Stéphanie Hahusseau. Psychiatre à Toulouse (Haute-Garonne), elle en a fait l'expérience : « J'ai proposé à l'hôpital de développer des interventions de médecine intégrative basée sur la pleine conscience, mais les services concernés ont refusé, et m'ont offert de participer à leurs propres recherches... sur un médicament ! Je ne sais pas à qui m'adresser – aux directeurs des hôpitaux ou aux instances politiques ? – pour faire valoir les économies que permettrait la méditation. Pour l'instant, j'ai renoncé et me contente d'utiliser la méditation en pleine conscience dans ma pratique privée. »
Pourquoi ces blocages ? Le manque de moyens, de personnel et d'accès à la formation les explique pour une part, mais les freins sont avant tout culturels. Au pays de Descartes, il y a une fâcheuse tendance à tenir à la séparation du corps et de l'esprit, à se méfier des pratiques psychocorporelles, mais aussi à craindre le risque sectaire ou le « formatage » des esprits. Notre médecine baigne dans une culture de la prescription qui privilégie le médicament : prendre des antidépresseurs – nous en sommes les champions – est plus facile que méditer une heure par jour !
" Cela implique une grande implication des patients en termes de temps, de coût et de motivation" (David Gourion, Psychiatre)
Du côté des médecins, ces pratiques peinent à convaincre, comme en témoigne David Gourion, psychiatre à Paris : « Un nouvel outil thérapeutique ? C'est toujours bienvenu, mais il faut nuancer. Les études concernent peu de cas, elles manquent de suivi et sont souvent menées par des adeptes convaincus. De plus, ces thérapies demandent une grande implication en termes de temps, de coût et de motivation pour les patients. Enfin, il ne faudrait pas croire que la méditation soigne tout, ni qu'elle peut remplacer un traitement médical – surtout avec seulement une centaine de praticiens suffisamment expérimentés en France. »
Ne pourrait-on pas en former davantage ? Influencée par la psychanalyse, très réticente à l'égard des approches comportementalistes, notre culture médicale universitaire n'y mène guère. D'autant plus que la méditation ne s'apprend pas comme un cours magistral : elle se pratique. Pour qu'un programme fonctionne, il faut que les animateurs méditent eux aussi, ont démontré les inventeurs anglais et canadiens de la MBCT 3. Autre limite, enfin : à la différence de ce qui se fait en Belgique, en Suisse ou en Grande-Bretagne, les facultés de psychologie françaises ne disposent pas de services de consultation ouverts au public. Or c'est dans ces services que des thérapies annexes comme la MBSR ou la MBCT peuvent le plus facilement être proposées.
Voir aussi Méditation à l'hôpital (rubrique Conseil) et On ira tous à l'hôpital
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