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Rêve
- Par sunyatazenconseil
- Le 31/08/2013
- Dans Contes et légendes
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Solitude lumineuse - Lord Buddha
- Par sunyatazenconseil
- Le 16/08/2013
- Dans Poésie
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Les statues sévères, verticales, vermoulues, avec une dorure qui leur communique un éclat animal et un écaillement extérieur qui donne à croire que l’air les détériore …Sur leurs joues, sur les plis de leur tunique, sur leurs coudes, leur nombril, leur bouche, leur sourire, jaillissent de petites macules : champignons, porosités, traînées excrémentielles de la forêt …
Et voici aussi les gisants, les énormes gisants, les statues de quarante mètres de pierre, de granit gréseux, pâles, étendues parmi les feuillages sonores, inattendues, surgissant de quelque recoin de la forêt, de quelque plateforme environnante …Endormies ou non, elles sont ici depuis cent ans, mille ans, mille fois mille ans …Mais elles sont douces en leur ambiguïté métaterrestre bien connue, elles qui aspirent à s’en aller et à rester …Et ces lèvres de pierre si suave, cette majesté impondérable faite cependant de pierre dure, à qui sourient-elles, et à combien d’élus, sur la terre sanglante ?...Elles ont vu passer les paysannes qui fuyaient, les incendiaires, les guerriers masqués, les faux prêtres, les touristes dévorants…Et la statue est restée là, bien à sa place, l’immense pierre avec des genoux, avec des plis sur sa tunique, avec son regard perdu et pourtant existant, complètement inhumain et d’une certaine façon humain, d’une certaine façon ou par quelque contradiction statuaire, étant et n’étant pas divine, étant et n’étant pas pierre, sous le croassement des oiseaux noirs, parmi les battements d’ailes des oiseaux rouges, des oiseaux de la forêt …Nous ne pouvons nous empêcher de penser aux terribles christs espagnols dont nous avons hérité avec leurs plaies et tout le reste, leurs pustules et tout le reste, leurs cicatrices et tout le reste, et avec cette odeur de cierge, d’humidité, de renfermé qui est celle des églises …Ces christs aussi ont hésité entre être des hommes ou des dieux …Pour en faire des hommes, pour les rapprocher de ceux qui souffrent, de la femme en couches et du décapité, du paralytique et de l’avare, des gens d’églises et de ceux qui entourent les églises, pour les rendre humains, les sculpteurs les ont dotés de plaies horripilantes et tout s’est transformé en religion du supplice, en pèche et souffre, ne pèche pas et souffre quand même, vis et souffre, sans que tu puisses trouver d’issue libératrice …
Ici non, ici la paix est arrivée jusqu’à la pierre …Les statuaires se sont révoltés contre les canons de la douleur et ces Bouddhas colossaux, avec des pieds de dieux géants, ont sur le visage un sourire de pierre qui est paisiblement humain, sans toute cette souffrance …Et il en émane une odeur non de pièce morte, non de sacristie et de toiles d’araignée, mais d’espace végétal, de rafales qui retombent soudain en ouragans de plumes, de feuilles, de pollen de la forêt sans fin …"Pablo Neruda - La solitude lumineuse
A lire aussi SOURIRE DU BOUDDHA
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Elévation
- Par sunyatazenconseil
- Le 14/08/2013
- Dans ZEN
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En observant comment les pensées s'élèvent, demeurent et se dissolvent dans la vacuité, je perçois leur nature véritable.
Vide.
Sans substance propre.
Parfaitement conditionnée dans un écheveau complexe de causes et d'effets.
Les pensées sont le mouvement de l'esprit tout comme les vagues le sont pour l'océan. Lorsqu'une pensée surgit je suis conscient qu'elle s'élève à partir du vide et que sa nature (illusoire) est celle de la vacuité même. Elle ne me dérange plus et je la laisse aller et venir - elle ou une autre - demeurant dans l'équanimité de ma "relation" avec elle.
Ainsi, la disposition "naturelle" de la vacuité m'apparaît clairement sans qu'il ne soit question d'un hypothétique savoir "lumineux" à opposer à une obscure ignorance qui serait le lot de l'humanité toute entière.
Il ne s'agit pas non plus d'une disposition aveugle dont toute pensée serait absente. En fait si je maintiens un état de calme "sans pensée" au-delà de l'espace naturel qui existe entre deux pensée - ou mieux entre un expir et un nouvel inspir - s'il y a stagnation ; je développe une faculté d'ignorance et non de présence.
Dans l'absence forcée de pensées il n'y a que vacuité sans clarté, détente sans présence. Dans l'art de la Véritable Attention à moi-même, je ne retiens ni ne repousse les pensées, images ou sensations, je demeure ici et maintenant, présent, sans distraction, sans rigidité, immobile et silencieux …
Que des pensées soient présentes.
Ou pas.
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Pauvre Descartes by Lise Medini
- Par sunyatazenconseil
- Le 10/08/2013
- Dans Poésie
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As-tu connu pauvre Descartes
Le bonheur d'être nu
Libre de pensées
As-tu goûté
Le grand silence
Miroir des steppes de la conscience
Qu'aucune image ne voile
Que nul concept n'altère
L'exquise nudité
En habit de lumière
L'éminente Présence
Et personne qui soit
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Un temps pour l'étude
- Par sunyatazenconseil
- Le 09/08/2013
- Dans ZEN
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Il ne fait aucun doute qu'il est forcément temps d'étudier la Voie,
D'étudier la Voie en arrière et en avant.
Se prosterner ou saluer en joignant les mains,
Interroger ou répondre,
C'est exprimer dans le mouvement ou l'immobilité la dignité de la Voie.
Peindre un arbre mort,
Polir une tuile de cendre froide,
C'est la manifester sans discontinuer.
Les jours du calendrier sont courts et pressés,
Et la profondeur de la Voie insondable.
La vie de celui qui a quitté sa famille pour vivre sans demeure
Peut paraître désolée et solitaire,
Mais il ne faut pas l'assimiler à celle d'un bûcheron.
Même si sa vie est aussi active que celle d'un paysan,
Elle n'est pas identique.
Ne vous engagez pas dans des discussions sur l'illusion et le satori,
Le bien et le mal.
Ne vous laissez pas enfermer dans les limites du juste et de l'injuste,
Du vrai et du faux ...
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Que faut-il dire aux hommes ?
- Par sunyatazenconseil
- Le 08/08/2013
- Dans Des hommes et des dieux
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Lettre adressée à un Général,
écrite par Antoine de Saint-Exupéry
la veille de sa disparition.
Je viens de faire quelques vols sur P-38.
C'est une belle machine.
J'aurais été heureux de disposer de ce cadeau-là pour mes vingt ans.
Je constate avec mélancolie qu'aujourd'hui, à quarante trois ans, après quelques six mille cinq cents heures de vol sous tous les ciels du monde, je ne puis plus trouver grand plaisir à ce jeu-là. Ce n'est plus qu'un instrument de déplacement - ici de guerre. Si je me soumets à la vitesse et à l'altitude à mon âge patriarcal pour ce métier, c'est bien plus pour ne rien refuser des emmerdements de ma génération que dans l'espoir de retrouver les satisfactions d'autrefois.
Ceci est peut-être mélancolique, mais peut-être bien ne l'est-ce pas. C'est sans doute quand j'avais vingt ans que je me trompais. En Octobre 1940, de retour d'Afrique du Nord où le groupe 2 - 33 avait émigré, ma voiture étant remisée exsangue dans quelque garage poussiéreux, j'ai découvert la carriole et le cheval.
Par elle l'herbe des chemins.
Les moutons et les oliviers.
Ces oliviers avaient un autre rôle que celui de battre la mesure derrière les vitres à 130 kms à l'heure. Ils se montraient dans leur rythme vrai qui est de lentement fabriquer des olives. Les moutons n'avaient pas pour fin exclusive de faire tomber la moyenne. Ils redevenaient vivants. Ils faisaient de vraies crottes et fabriquaient de la vraie laine.
Et l'herbe aussi avait un sens puisqu'ils la broutaient.
Et je me suis senti revivre dans ce seul coin du monde où la poussière soit parfumée (je suis injuste, elle l'est en Grèce aussi comme en Provence). Et il m'a semblé que, toute ma vie, j'avais été un imbécile...
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Stat août 2012 à août 2013
- Par sunyatazenconseil
- Le 30/07/2013
- Dans Divers
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